La cueillette Amazighe : Ouverture de la récolte

Quand vous partez au mois de mars à Tafraoute, l'une des plus belles villes amazighes au sud du Maroc, vous allez admirer les amandiers répandus dans toute la région. Ces arbres fruitiers auxquels on donne beaucoup d’importance en été ont une histoire de partage héréditaire indépendamment de la terre qui les porte.

Ainsi ils sont exploités par deux à trois familles et même plus qui partagent la récolte de chaque arbre. Le représentant de la tribu "Amrar" fixe la date de la récolte étant donné qu’il est interdit de commencer la cueillette avant l'annonce de l’ouverture de la récolte «Abrah»,  à haute voix au milieu de douar ou par les hauts parleurs de la mosquée.

Une surveillance est mise en place et assurée par des gardiens nommés en amazighe «Infgouren : sing. Anfgur» qui sont généralement payés par le revenu des amendes des frauduleux en fonction de la nature de la contravention. Le code de gestion de la collecte des fruits est respecté par tous les villageois pour éviter l'improvisation et l’anarchie qui permettent le détournement, le vol des biens et la perte de droits des individus et des groupes. Les anarchistes que ce soit homme, femme et même enfant, sont obligés de payer la contravention «Tafgurt».

Les enfants nient souvent leur acte de vol des amandes ce qui pousse le gardien «Anfgur » à forcer les enfants à mâcher un  morceau de tissu noir, acte appelé «FezTakhzuzt», pour voir les particules d'amandes restantes entre les dents. Cela constitue un argument convaincant pour juger l’acte et forcer, par la suite, leurs familles à payer Tafgurt (amende).